Sur l’axe des caractéristiques le Raspberry Pi 400 est très similaire au Raspberry Pi 4 : processeur quadricœur ARM Cortex-A72 à 1,8 GHz plus rapide que celui du Raspberry Pi 4 à 1,5 GHz, 4 Go de mémoire vive, Gigabit Ethernet, Bluetooth 5.0 et Wi-Fi 802.11ac. Il est doté d'une paire de ports micro HDMI 4K / 60Hz, deux ports USB 3.0 et un seul port USB 2.0. L'alimentation est assurée par un port USB-C. Il possède un emplacement pour carte microSD. Enfin, le connecteur d’entrées/sorties à usage général (GPIO) est plus accessible que sur un Raspberry Pi 4 doté d’un boîtier.
Alors que la cuisine interne est similaire aux précédents Raspberry Pi, l'apparence extérieure du Pi 400 est tout autre. Le facteur de forme du Raspberry Pi 400 fait penser aux premiers ordinateurs comme ceux de la série BBC Micro ou le ZX Spectrum. Selon la région d'achat, l'ordinateur est intégré à un clavier de 78 ou 79 touches à la conception similaire à celle de la plupart des claviers compacts d'ordinateurs portables. Au moment du lancement, il y a six claviers différents - Royaume-Uni, États-Unis, Allemagne, France, Italie et Espagne. L'entreprise fait savoir que d'autres variantes seront bientôt disponibles pour les marchés norvégien, suédois, danois, portugais et japonais. Grosso modo, le design serait inspiré de la façon dont le fabricant de PC Acorn Computers a utilisé son clavier autonome comme base pour l'ordinateur Acorn Atom.
Il y a quelques années, il pouvait sembler irréaliste de rêver d'un bureau rempli d'ordinateurs équipés de systèmes à base de processeurs ARM étant donné que ceux-ci étaient considérés comme trop peu puissants pour autre chose que les téléphones et les tablettes. Néanmoins la donne évolue référence faite à des développements du côté d’entreprises comme Huawei et Apple.
Huawei a procédé à sa présentation l’an dernier lors du salon CES 2019 et c’est sur lui que le constructeur chinois a jeté son dévolu pour cadencer les opérations de son nouvel ordinateur. C’est son processeur pour serveurs – le Kunpeng 920 disponible uniquement sur les serveurs et autres équipements Huawei. Celui-ci utilise le jeu d’instructions ARMv8, mais est complètement développé par Huawei, sans inspiration d’autres conceptions de processeurs (comme les A76 ou Ares d’ARM).
Outre son origine chinoise, le Kunpeng 920 étonne par ses spécifications et ses chiffres de performance : soixante-quatre cœurs, vingt milliards de transistors, un score SPECint 2006 de 930 sur tous les cœurs. Sur un seul cœur, à 2,6 GHz, sur le même test, il peut monter à dix points par gigahertz (par exemple, le EPYC 7601 d’AMD monte à quatorze points). En nombres à virgule flottante (SPECfp), il obtient un score de huit cents points sur soixante-quatre cœurs (deux EPYC 7601, mille neuf cent quatre-vingts sur deux fois trente-deux cœurs). Ces chiffres sont assez élevés pour la concurrence ARM.
Le nouvel ordinateur de Huawei est équipé de 16 Go de mémoire vive DDR4-2666 et d’une carte graphique Yeston RX550. La carte-mère supporte 6 ports SATA III et deux emplacements M.2 ; elle est compatible USB 2.0 et 3.0. En sus, des connecteurs Ethernet et HDMI sont accessibles. Enfin, l’ordinateur est équipé de 256 Go de stockage SSD et tire l’énergie nécessaire à son fonctionnement d’une alimentation de 200 watts.
Huawei a décidé d’arrimer cette plateforme à une initiative de système d’exploitation national (chinois) dénommée UOS Linux – Unified Operating System Linux. Du point de vue de la dénomination, c’est une nouveauté, mais sous le capot, l’effort s’appuie sur une distribution connue du public : Deepin Linux qui existe depuis 2004. En fait, la première version stable de UOS Linux disponible depuis le mois de janvier correspond à la vingtième mouture de Deepin Linux (Deepin Linux v20). C’est le résultat du rachat de Wuhan Deepin Technology (l’entreprise derrière Deepin Linux) par Union Tech – un joint-venture qui met ensemble des entreprises qui appartiennent à l’état chinois avec Wuhan Deepin Technology.
À partir de 2021, Apple envisage de vendre des ordinateurs Mac pilotés par ses propres puces – des CPU ARM personnalisés dont l’un est gravé en 5 nm. L’entreprise opère ainsi une validation du statut d’ARM en tant que véritable architecture de PC. Sur le long terme, ce changement ce changement devrait inciter davantage de développeurs à créer ou à optimiser leurs logiciels pour qu'ils fonctionnent mieux avec ARM. Ainsi, l’écosystème système du logiciel et du matériel libre auquel la plateforme Raspberry Pi appartient devrait en principe bénéficier de tout ce qui se passera sous MacOS.
Dans cet écosystème des ordinateurs à base de processeurs ARM en gestation, le Raspberry Pi 400 a le mérite de mettre Linux en avant sur le desktop, ce, sur une plateforme matérielle (ARM) dont on attend de voir ce que sera son impact dans une industrie où les processeurs Intel et AMD continuent de régner. Ce qu’il faut néanmoins souligner est que les smartphones actuels n’ont rien à envier à cet ordinateur pour la gestion de tâches comme la navigation, la réponse aux courriels et les tâches de productivité. Le Raspberry Pi 400 dispose néanmoins d’arguments importants : ce fameux clavier et son coût.
Sources : Blog Raspberry, Huawei
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Quelle part de marché le voyez-vous acquérir dans cet écosystème d’ordinateurs à base de processeurs ARM en gestation ?
Linux peut-il reconquérir le desktop grâce à l’architecture matérielle ARM ?
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